MatchaPrika Club — CC BY-NC 4.0

Passion Illustree

Paprika est une inconditionnelle des comic-books. Pour elle c'est un médium où s'allient narration visuelle et textuelle afin de produire une oeuvre. Tous ces personnages hauts en couleurs sont la conséquence de l'évolution de l'humanité. Un peu comme si les héros mythologiques d'antan s'étaient simplement modernisés et avaient changé de nom. Un peu comme si les contes et légendes avec leurs rires, leurs drames, leurs rebondissements, s'étaient octroyé des artistes pour leur donner une image concrète. Dans les comics, le scénariste ne décide pas de tout, c'est le résultat du travail d'équipe d'une personne qui écrit, une autre qui dessine, une autre qui fait de l'encrage, une autre qui fait de la couleur et une qui fait du lettrage. Lorsque vos yeux parcourent des pages de papier ou un écran, il ne faut pas oublier que derrière tout ça, ce sont des années d'expérience, de vies personnelles et d'interprétations.

Les égyptiens ont laissé leurs histoires fabuleuses sous formes de hiéroglyphes, les romains sous forme d'écrits, les héros modernes laisseront leur empreinte au futur sur des pages couvertes d'encre. Les comics sont la somme de milliers de personnes qui y ont insufflé ou puisé leurs vies personnelles, leurs anecdotes ou leur vécu, créant ainsi un gigantesque imaginaire collectif accessible contre un peu d'argent. Peut-être que dans cent ans ça n'existera plus et il ne restera des comics que quelques pièces de musées ou de rares exemplaires ayant survécu dans une bibliothèque oubliée.

Les comics c'est aussi l'occasion pour le lecteur de voir d'autres horizons, de se rêver en Spider-Man, en Mutant ou en citoyen ordinaire au second plan sur une case de foule. Sous le costume il y a un Peter Parker ou un Clark Kent, mais ça pourrait aussi bien être elle, ou le voisin, ou une tante ou même quelqu'un qui n'est qu'une connaissance. L'ordinaire devient extraordinaire, l'impossible devient possible. Les comics peuvent être vus comme autant de messages personnels pour devenir meilleur ou donner de soi afin d'aider ou de protéger son prochain. C'est un peu vous qui endossez un costume lorsque vous tournez toutes ces pages colorées ! Alors laissez moi vous parler de leur étonnante histoire...

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L'age d'Or

Les "comics" sont des albums illustrés mesurant de nos jours 16.83 centimètres de large par 26.04 centimètres de haut. C'est le pendant outre-atlantique du format cartonné "franco-belge" (Astérix, Tintin, etc...) que l'on connait bien en France. Ils sont dérivés d'un genre littéraire des années 50 appelé "pulp". Ce dernier doit son nom à la pâte de papier en pulpe de bois, pas chère mais fragile, employée pour créer des livres à deux sous où de nombreux auteurs y rédigent leurs nouvelles de fantastique, de crime ou encore de science-fiction.

Les pulps ont peu à peu disparu à cause de l'essor de la disponibilité du papier, des romans, de la radio et de la télévision. Les comics tel qu'on les connait sont apparus dans les années 30 sous forme d'illutrations périodiques en feuilleton. En 1938 apparaît "Action Comics" avec un super-héros nommé "Superman" et en 1940, c'est la création de "Captain America". Ces deux icônes culturelles auront un fort impact sur le public pendant la seconde guerre mondiale. Une fois celle-ci terminée, surgissent les comics de Romance et d'Horreur. Dans les années 50 arrive l'importante vague de censure suite au mouvement lancé par le Docteur Fredric Wertham et son pamphlet anti-comics : "Seduction of the Innocent". En 1954, sous l'impulsion des éditeurs, sera créée la Comics Code Authority (abrégé en CCA), chargée de surveiller les publications de comics et évitant une censure d'état.

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L'age d'Argent

En 1956 apparaît "Showcase" publié par DC comics, présentant au monde un tout nouveau super héros : The Flash. Les années suivantes, bon nombre de personnages suivront, étoffant alors les rangs de l'éditeur. Dans les années 60, Marvel contstate que les super-héros ont le vent en poupe et décide de lancer ses propres personnages tels que Spider-Man, Avengers, Thor ou encore Iron Man. Pendant près d'une décade, Marvel et DC règneront sur le paysage éditorial des comics.

L'age de Bronze

De 1970 à 1990, les comics traversent une phase moins prolifique. Globalement les ventes baissent mais certains titres tiennent bon grâce aux lecteurs fidèles. Le milieu underground accueille quant à lui la naissance de la contre-culture comics, devenant alors un coin d'expression plutôt que lieu de revendication qu'il était auparavant. En 1975, Chris Claremont et John Byrne s'attaquent aux X-Men et les ramènent sur le devant de la scène. L'un des changements majeurs de l'âge de bronze est le ton des comics de super-héros. Là où avant ils étaient plus enfantins et assez insouciants, désormais ils sont plus complexes, plus réfélchis et apportent leur lot de drame sans oublier les reflets sociologiques et politiques des états-unis. L'Heroic-Fantasy, l'Horreur et le Kung-Fu deviennent des genres lus et appréciés.

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L'age Sombre

Les années 90 connaissent un important regain d'intérêt du public pour les comics. Certains découvrent que de vieux numéros peuvent se vendre très cher et peu à peu, une bulle spéculative commence à se former, poussant les éditeurs à jouer le jeu. En 1992 les artistes star de chez Marvel, lassés de ne pas avoir le droit d'être libre au scénario ou au dessin et n'aimant pas être contraints, claquent la porte et fondent leur propre studio : Image Comics, un studio qui accordera de l'importance aux droits des créateurs de comics. Vers le milieu des années 90, la bulle enfle toujours plus, les gens achètent des Foil Covers (des couvertures d'un film de papier brillant, évoquant l'aluminium), des numéros 1 et autres exclusivités, convaincus que ça leur rapportera une fortune à long terme. Mais quand des comics se vendent par centaine de milliers, voir par millions, ça signifie que l'offre restera forte. Peu à peu les spéculateurs s'en rendent compte et abandonnent le milieu. Une crise sans précédent se déclenche, poussant Marvel à un cheveu de la banqueroute. Et puisque le public a deserté les magasins, les éditeurs décident alors d'améliorer à nouveau la qualité de leur comics et n'hésitent pas à faire appel à des romanciers ou des scénaristes du monde de la télévision et du cinéma.

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L'age Moderne

Au début des années 2000, Marvel renait de ses cendres et sa gamme Marvel Knights semble reconquérir un peu de public. Mais surtout, en 2002, c'est la sortie du film Spider-Man ! (avec Tobey Maguire dans le rôle de Peter Parker) Le gain de notoriété rétablit un peu les lettres de noblesse du médium auprès du grand public, les super-héros sont désormais vus comme source de trucs cools et originaux. Pour attirer de nouveaux lecteurs qui pourraient être rebutés par les années de continuité de certains titres, les maisons d'édition n'hésitent pas à faire des recréations ou des numéros d'introduction, permettant aux nouveaux venus de prendre le train en marche. Depuis les années 2010, le format "graphic novel" prends de plus en plus d'ampleur. C'est un ouvrage qui rassemble tout un arc narratif ou les histoires importantes d'un personnage pour pouvoir être lu sans contraintes majeures.

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Et demain ?

Les comics tiennent bon pour le moment, depuis leur première apparition. Ils ont déjà varié les genres que ce soit du comic-book de guerre, western ou de romance. Aujourd'hui ce sont les super-héros, témoins de papier du monde qui nous entoure, les mouvements des personnes noires, la libération de la femme, l'avènement des personnes LGBT, les évènements de société. Les équipes créatives sont des gens comme vous et moi, ils ont une vie, des soucis et des idéaux. Dans leur quotidien ils voient beaucoup de choses et reflètent, en bien ou en mal, ce qui a pu les toucher directement ou indirectement. Les années 2010-2020 ont été riches en films basés sur le médium mais ils n'ont pas vocation a être adapté ad nauséam à l'écran qui ne fait que reprendre des sagas imaginées par d'autres personnes. Au bout d'un moment les gens en auront assez, Hollywood passera au nouveau truc cool du moment et le cycle recommencera...

Peut-être que dans cinquante ans les comics n'existeront plus du tout. Peut-être que ce sera devenu ringard ou has-been, que ce sera dorénavant uniquement virtuel. Alors pour le moment, je me contente de profiter de ce que cette époque et le médium ont à offrir, de Spider-Man aux TransFormers en passant par des titres independants comme Giant Days, je vais continuer à lire toutes ces pages d'hier, d'aujourd'hui et de demain et continuer à m'imaginer entrain de me balancer au bout d'une toile à travers New-York ou entrain de combattre Captain Cold en fonçant à travers les rues de Central City...