Couvertures des deux intégrales She-Hulk publiées par Panini Comics. Sur la première couverture sa forme humaine se tient devant sa forme Hulk, sur la seconde elle est sous sa forme de Hulk à genoux sur le toit d'une voiture tandis qu'elle arrache le capot et le moteur à mains nues.
© Marvel/Panini Comics France

Bavardage #4

La Sauvage Jennifer Walters

Format — VF
Editeur — Marvel via Panini Comics France
Contenu — The Savage She-Hulk (1980) #1-25 + Marvel Two-In-One (1974) #88
Scénario — Stan Lee, David Anthony Kraft
Dessin — John Buscema, Mike Vosburg, Allan Kupperberg
Encrage — Chic Stone, Danny Bulanadi, Frank Springer Al Milgrom, Jack Abel, Dave Simons, Sal Trapani, Armando Gil, Mike Vosburg, Rick Magyar, Mike Gustovich, Steve Mitchell, Bob Wiacek, Joe Rubinstein
Couleur — Bob Sharen, Carl Gafford, George Roussos, Ben Sean, Rob Carosella, Ed Hannigan
Traduction — Makma/Nick Meylander, Makma/Quentin Belmekki
Lettrage — Astarte Design/Roma
296 pages (T.1) et 312 pages (T.2) — 36€ par tome

Aujourd'hui, je souhaite vous parler d'une pépite que j'attendais depuis bien longtemps maintenant. La première série She-Hulk de 1980. Pour ceux du fond qui écoutent rien, on va leur faire un petit rappel : "Une transfusion d'urgence réalisée avec le sang de son cousin Bruce Banner, alias Hulk, permet à l'avocate Jennifer Walters d'acquérir le pouvoir de se transformer en une version féminine du colosse de jade, mais sans perdre ses capacités intellectuelles. Miss Hulk est née !"

Pour ceux qui connaissent (ou pas) Hulk, c'est un comic-book qui relate l'histoire d'un savant un peu gringalet qui est irradié par des rayons Gamma en allant sauver un ado qui s'était introduit sur le site de test d'une bombe. Initialement, Bruce Banner ne se transformait en Hulk que la nuit, mais très vite cette contrainte est passée à la trappe et le facteur de la colère est intervenu. Si le pourtant bienveillant Bruce Banner s'énervait un peu trop, il devenait le féroce et titanesque Hulk.

Certains petit malins seraient tentés de résumer le personnage à son concept le plus connu de "Hulk, écrase !" mais ce serait ignorer les travaux des différents scénaristes qui ont injecté dans ce personnage du drame, de la poésie et de la philosophie. Hulk n'est pas dépourvu de sentiments, c'est un peu une extrapolation modernisée de "Dr Jekyll & Mister Hyde" avec un peu plus de couleurs criardes.

Mais je m'égare. Ce qui nous intéresse aujourd'hui c'est sa cousine, Jennifer Walters. Elle est avocate et lorsque son cousin vient la voir, elle est sur une affaire où elle défend un truand, Lou Monkton, accusé d'avoir assassiné le garde du corps de Nick Trask. Tous deux se détestent et pour ce dernier, il est hors de question que Monkton s'en sorte au tribunal ! Deux hommes de main suivent la voiture de son avocate et à peine sortie, elle est abattue d'une balle dans le dos.

Bruce Banner, en visite auprès de sa cousine Jennifer à ce moment là, parvient à la soustraire aux gangsters et lui fait une transfusion. Elle est amenée à l'hôpital ou elle est retrouvée par ceux qui ont tenté de l'assassiner, mais alors qu'ils s'apprêtent à finir leur sale boulot, la respiration de Jen devient lourde, son pouls s'accélère tandis qu'une rage folle et destructrice coule dans ses veines comme une lave bouillonnante...

Jennifer viens de se transformer en Miss Hulk et elle est furieuse. Elle s'exclame -voyons maintenant si vous êtes si voriaces contre moi !- Hors champ quelqu'un s'exclame -c'est une femme mais regardez sa taille ! sa peau... elle est verte ! On dirait une sorte de Miss Hulk !-
© Marvel/Panini Comics France

Heureusement pour nous lecteurs de VF, Panini s'est enfin sorti les doigts des fesses et avec la série parue sur Disney+, nous a publié du She-Hulk, aussi bien récent qu'ancien. Dans cet article, je n'aborde que la première série "The Savage She-Hulk" (1980). Si le premier numéro est signé de Stan "The Man" Lee et John "Big John" Buscema, dès le second numéro David Anthony Kraft prends en charge le scénario et Mike Vosburg le dessin, assistés par Chic Stone à l'encrage et la série est lancée pour 25 numéros d'une fraîcheur et d'une qualité incroyable pour l'époque.

C'est d'ailleurs selon moi la raison pour laquelle la série n'a duré que vingt-cinq numéros. C'était bien trop avant-gardiste pour l'époque et Jen est une femme totalement libre et sans contrainte dans une période ou les rôles féminins de comics sont encore très dépendants de leurs collègues masculins. N'ayant pu terminer complètement son histoire au #25, le scénariste s'associera au dessinateur Alan Edward Kupperberg pour conclure son point final dans le numéro 88 de Marvel Two-In-One "Désastre au Réacteur Diablo !" avec la Chose des Quatre Fantastiques en invité d'honneur.

Si c'est une nouveauté pour beaucoup de lecteurs VF, pour les plus anciens ça avait déjà été adapté par Arédit dans les années 80 dans leur format "Artima Color Marvel Super Star" reprenant la série dans son intégralité, mais désormais introuvables en raison de l'ancienneté et du peu de disponibilité sur le marché d'occasion.

Couverture en couleurs d'une BD Miss Hulk publiée dans les années 80 chez Artima Marvel Color SuperStar. C'est la même couverture que la seconde intégrale Panini.
© Marvel/Panini Comics France

Ces vingt-cinq numéros sont scénarisés d'une main de maître par David Anthony Kraft qui jongle avec brio sur son intrigue. Il y a de la romance, de l'action, du suspense et du drame. Pour une série de 1980 on serait en droit de se dire qu'elle aurait mal vieilli mais elle tient encore étonnement la route. le fait que Jen' ait deux prétendants, l'un qui aime She-Hulk et l'autre qui aime Jennifer Walters, est assez incroyable pour l'époque, d'autant plus qu'il est clair qu'elle court deux lapins en même temps.

Le comic-book ne tarde pas à entrer en régime de croisière et le second tome remporte ma préférence à cause de l'abondance de méchants absolument rocambolesques qui sont engagés pour la tuer. Elle s'en débarrasse à peine d'un, l'autre débarque et au final, elle est tellement furieuse de ne pas avoir la paix qu'elle songe brièvement à rester She-Hulk pour toujours.

La galerie de méchants est très haute en couleur est c'est un vraî rafraichissement pour quelqu'un comme moi qui débarque de longues continuités comme Spider-Man ou les Vengeurs. On a le droit à: l'Homme-Elephant, L'agrippeur, le Pisteur, Gènes de Synthèse, Radius ou encore Torque. L'escalade en puissance des méchants monte crescendo jusqu'à ce que Miss-Hulk affronte la planète elle-même sous la forme du Seigneur de la Terre !